Les Reines Emmanuelle Pirotte Editions du Cherche Midi Collection Cobra Rentrée littéraire 2022

Notre mode de vie nous a conduit à « la Chute », et sur les cendres de notre civilisation naît une nouvelle humanité, étrangement proche de celle que nous avons laissée derrière nous après l’industrialisation, faite de royaumes et de guerres, de tribus nomades et de superstitions, de vie pastorale et de jeux sanguinolents. Seule différence : ce sont maintenant les femmes qui dominent le monde, condition sine qua non pour que l’humanité continue d’exister. Au milieu de tout ça, un homme, une femme, un amour interdit – une histoire comme il y en a mille, mais dans ce contexte, elle prend une toute autre tournure.

Dès le départ, l’autrice nous immerge dans ce monde, si différent du nôtre et pourtant si semblable – à croire que les Hommes n’ont rien appris de leur (presque) disparition. On est très vite entraînés par la poésie qui se dégage de cette compagnie de Gypsies dans laquelle ont grandi Milo et Faith, leurs voyages à travers l’Europe, leurs coutumes un peu trop traditionnelles, leurs veillées au coin du feu. Ce monde a un charme que le nôtre a perdu, ce que l’autrice nous souligne bien au fil des pages, nous ramenant sans cesse à tout ce que nous avons d’inutile voire de néfaste par rapport à eux.

Le récit est très addictif dans la première partie, tout se précipite avec le bannissement de Milo, les péripéties se succèdent, parfois de manière assez surprenantes, certaines n’étant pas du tout expliquées. On sent que le destin des personnages va entrer en collision à nouveau, on est dans l’expectative de ce moment, et puis quand il arrive, c’est le revirement de situation inattendu, on n’en croit pas nos yeux ! Un bon moment de lecture donc, même si la fin m’a semblé très lente, ça manque d’action soudainement après ces montagnes russes, et la fin semi-ouverte m’a laissée sur ma faim – on dirait bien qu’Emmanuelle Pirotte laisse la porte ouverte à une suite…


Résumé de l’éditeur:

Sur les ruines de nos civilisations, un nouveau monde s’est bâti. L’humanité a renoncé au progrès matériel et retiré au sexe masculin ses anciens privilèges. Les royaumes sont désormais gouvernés par des femmes, autant de Reines que l’épreuve du pouvoir révèle parfois autoritaires et souvent rivales.

Dans ce monde aux immenses espaces sauvages, des groupes de nomades, artisans, chasseurs et comédiens se croisent sur les vestiges des routes d’autrefois. Parmi ces communautés, celle des Britannia, où les jeunes Milo et Faith brûlent d’un désir réciproque et néanmoins interdit. Leur attirance va provoquer le bannissement de Milo. Commence alors pour le jeune homme une longue errance à travers les terres du Nord ; mais si Milo espère retrouver Faith, il n’imagine pas combien son voyage obéit aux lois de la destinée – ce grand compas qui, toujours, nous entraîne vers nos origines.

Sous la surface agitée de l’épopée, Emmanuelle Pirotte installe le décor et les enjeux de la tragédie antique. Jalousies, tensions amoureuses, filiations cachées, prophéties et vœux de vengeance électrisent les personnages qui se donnent à toutes les passions. Et l’on retrouve enfin, loin des potions prudentes et morales, la plus aberrante et la plus formidable des littératures.


L’humanité n’aura-t-elle jamais fini de justifier toutes les avanies et les bienfaits qui la frappent en invoquant un dessein supérieur, une volonté transcendante ? Ne cesserons-nous jamais de chercher un sens à la vie ? La vie n’a d’autre sens qu’elle-même, elle est le principe originel, ultime, et notre rôle dans cette dynamique éternelle n’a pas plus ou moins d’importance ou de signification que celui de la fourmi ou du roseau. C’est ce que l’Homme nouveau est censé avoir appris depuis la Chute. Mais cette conception demande du cran, une bonne dose d’humilité et de courage qui finit toujours par nous faire défaut.

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