Washington Black Esi Edugyan Folio The Unamed Bookshelf

Embarquez avec Washington Black dans une épopée au coeur du XIXème siècle, alors qu’il parcourt le globe à la recherche de sa place dans ce monde inhospitalier pour un jeune esclave enfui. Noir, brûlé, instruit et dessinateur, il détone partout où il va, et ne manque pas de s’attirer des ennuis à la chaîne. Très attaché à Titch, son ancien maître, qui lui a permis de changer de condition en l’instruisant puis en s’enfuyant avec lui, il n’a de cesse que de renouer avec cet homme qui l’a pourtant abandonné.

Je me réjouissais, en ouvrant ce livre, de retrouver une sorte de récit de voyage similaire à ceux de Jules Verne, croisé avec une immersion dans la vie d’un esclave difficilement affranchi, comme j’ai pu en lire dans Underground Railroad. Pour autant, je dois avouer que je n’ai pas été entièrement convaincue par ce roman, dont le rythme narratif est très lent, et la psychologie des personnes assez peu poussée. Rapidement, j’ai été frustrée de ne pas avoir plus de détails sur la transformation de Wash au contact de son mentor, Titch, lorsque celui-ci le prend sous son aile à la plantation de la Bardade. On a l’impression, plus tard dans le récit, que Wash a acquis énormément de connaissances et de codes propres à la société des blancs pendant cette période, sans pour autant être témoins de cette évolution, pourtant décisive pour la suite. De la même manière, certaines péripéties semblent assez peu crédibles, comme ce personnage croisé aux Etats-Unis se retrouve pendu à Londres sans plus d’explications, ou cet autre, qui survit à des semaines passées dans le froid sauvage de l’Antarctique, sans qu’on sache comment.

Esi Edugyan restitue de manière très crue, dans la première partie du livre, la réalité des esclaves de la plantation, mutilés par leurs maîtres, capturés contre leur gré et amenés de force en Amérique, et c’est, à mon sens, la partie la plus intéressante du livre. On croise ensuite quelques éléments sur le combat pour l’abolitionnisme, le racisme latent dans la société américaine et les explications scientifiques utilisées pour justifier l’esclavages, à peine abordés et aussitôt laissés de côté. C’est donc plutôt un roman d’aventures à lire comme tel, sans espérer trop de profondeur psychologique ou historique.


Résumé de l’éditeur:

La Barbade, 1830. Washington Black, onze ans, est esclave dans une plantation détenue par un homme cruel. Très vite, sa vivacité et ses talents de dessinateur impressionnent le frère de son maître, l’excentrique Christopher Wild. Cet explorateur abolitionniste le prend sous son aile pour l’assister dans un projet fou : construire un ballon dirigeable. Quand un jour Wash est accusé à tort d’un crime, les deux hommes sont contraints de fuir. S’envolant des Antilles au pôle Nord, de Londres au Maroc, c’est un voyage extraordinaire qui attend le jeune Wash en ce siècle de découvertes. Mais le chemin le plus dur à parcourir sera celui qui le mènera vers la liberté…


« En racontant ma vie à un groupe d’insulaires, je leur ai parlé de sa disparition. Eh bien, à ma grande consternation, ils ont tous éclaté de rire. J’étais stupéfait. J’ai pensé qu’ils m’avaient mal compris. J’ai donc encore essayé d’expliquer et ils ont ri encore plus fort.
« C’était moi qui n’avais pas compris, voyez-vous. La vie revêt pour eux un caractère tellement sacré que nous avons peine à l’imaginer. Cela leur semblait donc absurde que quelqu’un choisisse d’y mettre fin. Un acte insensé, ridicule. En tout cas, j’ai dû reconnaître alors que mes valeurs – celles qui me sont chères en tant que sujet britannique – ne sont pas les seules, ni les meilleures qu’on puisse avoir dans l’existence. J’ai compris qu’il y a de nombreuses manières d’être au monde, et que privilégier un ensemble rigide de croyances plutôt qu’un autre, c’était perdre quelque chose. Tout peut sembler bizarre, et tout a de la valeur. Ou du moins, tout mérite d’être étudié. »

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