Dérive des âmes et des continents Shubhangi Swarup Editions Métailié The Unamed Bookshelf 2020

Dans Dérive des âmes et des continents, Shubhangi Swarup se sert de l’histoire de plusieurs personnages, un couple récemment marié, une domestique karen, un révolutionnaire enragé, un trafiquant vieillissant et deux anciens trouvant l’amour au crépuscule de leurs vies, pour raconter l’histoire de notre monde, les origines géologiques, métaphysiques et spirituelles de notre société. A travers cette grande fresque de vies entremêlées, c’est toute l’histoire de l’Asie qu’elle évoque, partant des îles Andaman, passant par Calcutta et Rangoon, pour finir dans les montagnes bordant l’Inde et le Pakistan. Ce récit est un étrange croisement entre La variante chilienne et Crazy Brave, une multitudes d’histoires qui s’entrecroisent, mêlant surnaturel et réalité, tout événement factuel s’expliquant à la fois par des raisons scientifiques et oniriques.

Ce qui distingue ce livre de toutes mes lectures habituelles, c’est la puissance de son style, une véritable lame de fond qui nous transporte, une explosion de sentiments dans les mots comme j’en ai rarement lu. L’auteure possède un talent incomparable pour décrire la nature environnante et exprimer sa volonté propre, à laquelle les hommes n’ont pas d’autre choix que de se soumettre. Utilisant l’ironie, elle relève les incohérences de la société moderne, incongrues face à la cohérence parfaite que nous offre la nature.

Malgré quelques longueurs dans le récit une fois la première partie passée et une légère confusion sur ce que l’auteure cherche à nous dire, c’est une lecture époustouflante, un voyage onirique fascinant, et l’occasion de relativiser notre propre impuissance face aux décisions de Mère Nature, qu’elles soient tsunami ou épidémie.


Résumé de l’éditeur:

Voici peut-être le premier roman où la nature s’exprime directement et où les histoires semblent surgir organiquement le long d’une ligne de faille qui fait trembler la terre et tout ce qu’elle contient de l’océan Indien à l’Himalaya.

Deux jeunes mariés s’installent dans une ancienne demeure coloniale, sur les îles Andaman, et tentent de s’apprivoiser. Ils savent qu’ils se sont déjà aimés dans d’autres vies. Girija Prasad est un scientifique fasciné par les volcans lilliputiens et les phénomènes naturels de l’archipel. Chanda Devi est un peu sorcière. Elle sait amadouer les éléphants en colère, prévoir les tremblements de terre et parler aux arbres et aux fantômes qui peuplent les îles.

Plusieurs personnages plus loin (un jeune révolutionnaire, un trafiquant désabusé, un yéti mélancolique, une tortue, une strip-teaseuse…), on retrouve le descendant de nos héros le long de la ligne de faille sismique : un géologue chargé de s’assurer que le prochain sommet himalayen, prévu pour être plus haut que l’Everest, surgira bien dans le cadre des frontières de l’Inde, pour encourager le tourisme.

Avec ce premier roman au souffle et au charme incroyables, l’auteur surprend par sa puissance narrative, à la hauteur des tsunamis qu’il contient.


Jadis un continent fier, la Birmanie a été écrasée entre l’Inde et l’Asie. L’Inde l’a poussée au nord dans sa dérive, l’Asie l’a comprimée à l’est par défi. Un oeil qui pleure est tout ce qui reste du visage, enfoui sous les décombres. Les contours aquilins de la Birmanie ont été sculptés en sommets et gorges invincibles. Son teint s’est dégradé pour se transformer en une jungle humide et un désert aride. Le désespoir était évident dans les plateaux vallonnés et les îles tropicales, rappel de la beauté d’autrefois. Des lignes de faille courent tout le long du pays, des côtes jusqu’au coeur – la plus grande sous la forme de l’impressionnante faille de l’Irrawaddy le long de l’épine dorsale de la Birmanie, laquelle relie les îles en dessous et l’Himalaya au-dessus. Si forte qu’ait pu être la pression, la Birmanie n’a jamais pu former un tout avec les masses qui l’entourent. Elle n’a pu que s’effriter.

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