Leurs ailes de géants Joost de Vries Les Escales 2020 The Unamed Bookshelf

Après L’Héritier, j’étais curieuse de découvrir le nouveau roman de Joost de Vries, écrivain néerlandais au style décidément très atypique. Ici encore, il surprend avec un roman familial mettant en scène deux frères, brillants et égo-centrés, vivant chacun sa vie de son côté, tout en devant composer avec l’intrusion de l’autre dans son quotidien personnel. Chacun se retrouve bien vite englué dans une affaire, amoureuse ou politique, qu’il ne contrôle pas le moins du monde, jusqu’à révéler les travers qu’ils auraient préféré continuer à ignorer eux-mêmes.

Intrigue surprenante donc pour ce roman qui semble parfois ne pas en avoir, et qui nous entraine dans un jeu du chat et de la souris déroutant et parfois difficilement compréhensible. Comme dans le précédent opus, Joost de Vries rivalise de références historiques, littéraires et culturelles en tout genre, donnant à ses personnages un côté « intello » parfois franchement énervant, parfois très drôle – pour peu qu’on ait, nous aussi, ladite référence. Avec ses dialogues décalés et même ponctuellement sans queue ni tête, il reste dans un style littéraire étonnant, tout en arrivant à véhiculer un suspense indiscutable et des réflexions profondes sur des thèmes tels que l’amour, l’estime de soi, la réussite ou encore la solitude.

C’est donc avec un avis mitigé que je referme ce livre, aimant toujours autant le style de Joost de Vries, son côté intelligent, ses phrases bien pensées et bien tournées, son humour noir désabusé, mais ayant moins accroché sur une intrigue un peu bordélique, où les rebondissements semblent un peu trop souvent saugrenus les uns par rapport aux autres. Auteur à suivre donc, même si ce livre ne restera pas gravé dans ma mémoire.


Résumé de l’éditeur:

Edmund et Sieger van Zeeland, deux frères brillants, mènent des vies très différentes mais partagent tous deux un goût pour la démesure et l’absolu. Edmund aurait voulu naître un siècle plus tôt, lorsque conquérir un continent ou découvrir la source du Nil était encore possible. Faute de mieux, il parcourt le monde grâce à sa fortune, en quête d’un idéal. Quand l’épouse de son frère disparaît, il part à sa recherche, tenant enfin l’aventure dont il rêve depuis toujours. Sieger, lui, est reporter de guerre. Au cours d’une mission, il se retrouve impliqué malgré lui dans un attentat contre un politicien russe. Seul témoin de l’attaque, il parvient à s’enfuir poursuivi par tous les services secrets d’Europe.
Leurs ailes de géants confirme le talent époustouflant de Joost de Vries, qui signe un roman cocasse et picaresque, traversé de références, littéraires et de la culture pop, de Dostoïevski au Seigneur des anneaux, en passant par Nietzsche et Haribo.


Peut-être tout roman devait-il commencer ainsi : « C’était le meilleur et le pire des temps », car chaque être humain, dans chaque société, vivait sans doute à la fois dans le meilleur et le pire des temps. Jamais il n’y avait un moment où on ne pouvait pas se dire que l’avenir serait marqué par plus d’insouciance et de justice que le présent, et en même temps, on était toujours habité par cette idée que le passé avait dû être plus beau, plus originel, plus précieux, plus authentique. Comme le marché : pour les écrivains, les philosophes, les informaticiens, les scientifiques et les hommes politiques, l’avenir et le passé étaient des denrées fluctuantes, qui pouvaient faire l’objet de spéculations, qu’on pouvait envisager de mille et une manières. Rien n’est plus imprévisible que le passé.

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